À propos de « L’Europe c’est la paix »
Ce slogan est assez souvent invoqué, notamment en 1992 (Maastricht) et encore récemment.
Avec d’autres sornettes comme « je suis profondément européen », « vous êtes contre l’Europe » ou « vous avez peur de l’Europe » : il suffit de remplacer Europe par France, Italie ou n’importe quel autre pays dans chacune de ces affirmations pour en saisir la vacuité.
En fait l’Union européenne (et non « l’Europe » qui est un continent, d’ailleurs mal défini) c’est objectivement :
– un protectorat militaire étatsunien, conséquence de la guerre froide et confirmé après 1989,
– une « construction » économique et juridique « américano-compatible » pour ne pas dire plus,
– un supplétif de « l’occident » (= les USA) dans des opérations extérieures le plus souvent lamentables (Yougoslavie dont le Kosovo, Lybie, Irak, Afghanistan,…),
– un moyen commode pour les dirigeants des « pays-membres » de se défausser de leurs responsabilités (et éventuellement de se faire mousser).
Bref, si c’est la paix, c’est plutôt la pax americana. Mais pour combien de temps ?
Les avanies subies par les alliés des USA (récemment : Afghanistan et affaire des sous-marins australiens) montrent, ou plutôt confirment, que les pays européens ne sont plus considérés comme très intéressants. Les « choses sérieuses » se passent désormais autour du Pacifique. Biden ne fait à cet égard que se placer dans le sillage de Trump… et d’Obama !
Qui, sérieusement, pense que les USA risqueraient une guerre contre des agresseurs militaires d’un pays européen ?
Certains pays (Pologne, pays Baltes) semblent le croire encore, pour des raisons historiques et géographiques qu’on peut comprendre, mais ils ont sans doute tort.
Bref, les USA n’ont probablement ni la volonté ni sans doute les moyens de concrétiser leur promesse de protection militaire si cela s’avérait nécessaire.
Au contraire, sur les nouveaux « fronts » ouverts ces dernières années, les USA seraient plutôt contre nous ou du côté de l’adversaire :
– guerre économique où les USA usent largement d’une arme redoutable : l’extraterritorialité du droit américain,
– menées de l’islamisme politique radical et du djihadisme (Al Qaida, Daech), seul à nous avoir « déclaré la guerre » à ce jour, et où les USA sont au mieux ambigus,
– “cyberguerres” et surveillance étroite de ses « alliés ».
Une véritable Europe de la paix serait celle qui s’émanciperait réellement de ce protectorat US.
Cela ne semble pas être à l’ordre du jour mais il le faudra bien si on veut que les pays européens puissent agir concrètement en faveur de la paix et, donc, de coopérations internationales mutuellement avantageuses et respectueuses des souverainetés nationales.
Alain GELY, membre du Mouvement des Citoyens
